La bombe à sec

        Dans sa noble poursuite libératrice, le FLaQuiste doit souvent faire face à une embûche paradoxale très dangereuse : la bombe à sec. Elle peut exploser sans crier gare mais, s’il s’en méfie, il peut facilement la désamorcer. Il faut d’abord préciser que le climat québécois, de par son rigoureux hiver qui limite passablement la pratique du libre, renforce l’endurance de l’organisme au froid, ce qui, du même coup, affaiblit la résistance à la chaleur. Quand vient donc la sporadique canicule, le FLaQuiste en pleine mission se trouve subitement confronté à s’adapter à une situation tropicale . Il est alors menacé par la bombe à sec. Il se retrouve en plein chaud après-midi, harnaché sous un soleil brûlant, les yeux rivés sur des cumulus hypersalivants. La sueur coule sous son casque et son foulard car il s’est équipé en conséquence pour la fraîche altitude. Il piétine ainsi, parfois longtemps, dans la trépidante file sur le quai de décollage. Il a chaud et la bombe à sec est amorcée. Un grand effort sera requis pour sa course avant de se faire agréablement ventiler en vol. Le vol thermique requerra beaucoup d’efforts à virevolter en tous sens. Gare à la déshydratation !

à l'eau d' É rable

        Cette bombe m’a personnellement explosé en plein vol, fin juillet, au Mont St-Pierre : mal de tête subit, faiblesse extrême, incoordination découlant en un atterrissage à l’instinct et heureusement sans avarie. Je ne savais plus si je devais manger trois ou quatre spaghettis et une demi-douzaine de steaks... J’avais très faim et soif. Après m’être rafraîchi copieusement ( non, pas d’Érabière; l’alcool déshydrate... ) , les symptômes se sont vite estompés. Je l’avais échappé belle. Le signal naturel de la soif n'est pas un indice fiable d'avertissement. Aussi, d’autres FLaQuistes ont goûté à cette bombe qui éclate sans prévenir. La désagréable surprise peut sonner, mettre K.O. et même être mortelle. Insidieuse, elle peut affecter le jugement du pilote et interférer dans sa décision lorsqu'il doit renoncer à décoller. D’autres s'effondrent à l’atterro; au moins là, les secours sont pratiquables alors qu'en vol ou en approche finale, un simple évanouissement peut provoquer un crash.

        Outre se tenir à l'ombre, il y a trois solutions à cette bombe à sec, nommée INSOLATION : boire de l’eau, boire de l’eau, et boire beaucoup d’eau. Pour savoir si on en boit assez, il s’agit de lire son urine et forcer l’hydratation tant que celle-ci n’est pas claire. C’est aussi simple que cela. Un « camelbak » de deux litres peut être insuffisant et il faut prévoir d’amples provisions car il n’est pas rare de s’en faire quêter sur les sommets hostiles. L’inconvénient de cette méthode est de passer pour un(e) pisseux(se). On verra bien qui séchera au sol ! En vol, c’est moins pratique en effet. L’envolée peut être raccourcie ou mouillée par ces considérations liquides. Mais cela est de loin préférable à l’explosion de la bombe à sec dont les dommages peuvent avoir des conséquences extrêmement dévastatrices.

        Le manuel du FLaQuiste comporte maintenant la façon de désamorcer plutôt que de poser une bombe. La terreur furtive y est démasquée. On a chaud, mais il le faut, car le FLaQ s’infiltre à la source même de la convection thermique.


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