Trafic |
J’ai rencontré beaucoup de pilotes timides face au trafic. Cela m’encourage, car il n’y a pas trop de solution à cette moche aberration de la liberté offerte du bout des lèvres par le ciel. Ce qui m’arrive occasionellement, mais qui m’énerve au max, c’est de rencontrer quelques rares poussins qui ont compris de travers les règles de l’air. C’est pourtant aussi simple que logique mais il y a des égos qui tordent tout à leur façon, à leur profit, à leur perte aussi. Même dans un terrain de jeux élargi, ils constituent des menaces. Quand on les revoit après un « near miss », ils sont « cool » alors qu’on a la hargne de leur mettre les points sur les « i ». Quand ils s’obstinent par indigence cérébrale, fanfaronnade ou je ne sais plus, je leur conseille de faire attention parce que mon aile a un petit je ne sais quoi, qu’elle a des pertes de contrôle et part souvent en glissade d’un côté ou de l’autre. Bref, qu’il faut m’anticiper et ne pas me coller. Une ouverture de parachute, balistique ou non, n’est pas mon mode préféré d’atterrissage. Enfin, en présence de ces oiseaux rares, je peux tout simplement ne pas décoller.
Je n’expliquerai pas, ici, les si courtes règles de l’air qui concernent le vol libre : circuler à droite comme en auto ; en convergence d’appareils, le pilote qui voit l’autre à sa droite cède le passage ; priorité au plus bas ; le danger du croisement lors des virages à l’extrémité gauche de la montagne. Tout cela et les courtoisies de vol thermique devraient être clairement assimilés à l’école de vol libre.
Je ferai néanmoins ces mises en garde. De grâce, pas de règle-maison, comme l’inversion de trafic pour profiter de conditions particulières. C’est une mauvaise habitude car cela n’est bon que si tous les pilotes sont clairement avertis. Il y aura toujours un nouveau venu de je ne sais où, qui ne sera pas mis au courant et qui fera échouer lamentablement le système dans une dangereuse confusion. Celui-ci peut arriver après que les autres soient décollés ou même arriver par vol-voyage. Ces dangeureuses règles-maison viennent à être considérées comme acquises alors qu’elles ont débuté comme des exceptions qui n’auraient simplement jamais dû exister. Un autre mythe qui a circulé est la priorité au tandem. Je veux bien être courtois mais en urgence de collision, les règles de l’air doivent toujours s’appliquer pour la sécurité de tous. Il n’y a pas d’autres priorités.
Ensuite, apprenez à clignoter avant chaque virage. Cela se fait avec le casque que l’on peut voir tourner à distance. Peu de pilotes ont la vision assez fine pour voir les yeux de ceux qui ne regardent qu’en face. Avant chaque virage, il faut jeter plus qu’un coup de paupière du côté où on projette de tourner ; il faut se tourner vraiment la tête et regarder. On sait qu’un compagnon de vol nous a vu quand il clignote de cette façon, avec le casque. Rendons-lui la pareille.
Enfin, assurez-vous que les nouveaux poussins soient bien « briefés » avant qu’ils rejoignent le troupeau. L’école sur le tas ( d’ossements de pirates ) devrait être de l’histoire passée. Je reste timide face au trafic et aux trésors empoisonnés. J’anticipe continuellement un chemin libre et sans équivoque, conscient de l’emplacement de tous les autres appareils et de leurs trajectoires. Je me retrouve plus souvent qu’à mon tour au large pour atterrir, n’ayant pu déchiffrer un chemin sécure dans l’essaim qui gonflait. Cela est prévisible et doit être assumé dès le décollage, déjouant ainsi le sortilège de la convoitise.